Emile Zola, La Faute de l'abbé Mouret
Quatrième de couverture: "Serge Mouret est le prêtre d'un village pauvre, quelque part sur les plateaux désolés et brûlés du Midi de la France. Barricadé dans sa petite église, muré dans les certitudes émerveillées de sa foi, assujetti avec ravissement au rituel de sa fonction et aux horaires maniaques que lui impose sa vieille servante, il vit plus en ermite qu'en prêtre. A la suite d'une maladie, suivie d'une amnésie, il découvre dans un grand parc, le Paradou, à la fois l'amour de la femme et la luxuriance du monde. Une seconde naissance, que suivra un nouvel exil loin du jardin d'Eden. Avec cette réécriture naturaliste de la Genèse, avec ce dialogue de l'ombre et du soleil, des forces de vie et des forces de mort, du végétal et du minéral, Zola écrit certainement l'un des livres les plus riches, stylistiquement et symboliquement, de sa série des Rougon-Macquart."
L'adoration de la Vierge Marie par Serge Mouret est un rappel du tome précédent, La conquête de Plassans et de la fièvre de sa mère, Marthe pour le nouveau curé de Plassans. Ce tome sera donc lui aussi consacré à la religion et au "pêché" d'où le titre avec un F majuscule à Faute. Ces passages d'extase qui m'avaient ennuyée avec Marthe m'ont également ennuyée avec Serge. Je reste assez en dehors de ces manifestations fiévreuses de foi. Ici c'est la vierge (dans son sens premier du terme) que Serge adore et qui le fera tomber malade. En convalescence au Paradou (notez le nom) c'est une autre vierge qui gagnera son attention et le soignera.
A partir de ce moment, l'adoration n'est plus tournée vers la vierge mais vers la nature. Le jardin du Paradou semble immense et peuplé d'une végétation sans bornes. Zola décrit avec minuties plantes, fleurs, oiseaux, insectes, fruits ... Toute l'opulence du jardin dans ses moindres détails. Rien n'est laissé de côté et la comparaison avec le jardin d'Eden est inévitable. D'ailleurs le roman tout entier est une allégorie du jardin d'Eden et de la faute commise par Adam et Eve.
J'ai bien sûr apprécié les références, les thèmes de la nature, de la culture, de la vie. Le personnage de l'abbé est même sympathique, on le plaint un peu finalement. Celui du frère Archangias (notez aussi le nom) est par contre très désagréable, il est la misogynie incarnée! J'ai aussi apprécié le personnage de Désirée, son innocence, son amour pour les animaux, qui la rend elle-même un peu bestiale: "C'était comme une ânesse de noce [...] ni demoiselle, ni paysanne, une fille nourrie de la terre, avec une ampleur d'épaules et un front borné de jeune déesse."
Cependant, je n'ai pas été emportée par les longues descriptions de la foi et des jardins mêmes qui m'ont parfois donné envie de sauter des pages. Je me suis bien gardé de le faire mais la tentation était forte. Je sais que c'est la marque de fabrique zolienne et elle m'a beaucoup plu dans Le ventre de Paris ou Au bonheur des dames parce que les sujets m'intéressaient plus. En bref, mon avis est mitigé mais ce fût quand même un moment de lecture agréable.