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Notes de lecture
28 août 2012

Emile Zola, La Faute de l'abbé Mouret

la_faute_de_l_abb__mouretQuatrième de couverture: "Serge Mouret est le prêtre d'un village pauvre, quelque part sur les plateaux désolés et brûlés du Midi de la France. Barricadé dans sa petite église, muré dans les certitudes émerveillées de sa foi, assujetti avec ravissement au rituel de sa fonction et aux horaires maniaques que lui impose sa vieille servante, il vit plus en ermite qu'en prêtre. A la suite d'une maladie, suivie d'une amnésie, il découvre dans un grand parc, le Paradou, à la fois l'amour de la femme et la luxuriance du monde. Une seconde naissance, que suivra un nouvel exil loin du jardin d'Eden. Avec cette réécriture naturaliste de la Genèse, avec ce dialogue de l'ombre et du soleil, des forces de vie et des forces de mort, du végétal et du minéral, Zola écrit certainement l'un des livres les plus riches, stylistiquement et symboliquement, de sa série des Rougon-Macquart."

 

L'adoration de la Vierge Marie par Serge Mouret est un rappel du tome précédent, La conquête de Plassans et de la fièvre de sa mère, Marthe pour le nouveau curé de Plassans. Ce tome sera donc lui aussi consacré à la religion et au "pêché" d'où le titre avec un F majuscule à Faute. Ces passages d'extase qui m'avaient ennuyée avec Marthe m'ont également ennuyée avec Serge. Je reste assez en dehors de ces manifestations fiévreuses de foi. Ici c'est la vierge (dans son sens premier du terme) que Serge adore et qui le fera tomber malade. En convalescence au Paradou (notez le nom) c'est une autre vierge qui gagnera son attention et le soignera.

A partir de ce moment, l'adoration n'est plus tournée vers la vierge mais vers la nature. Le jardin du Paradou semble immense et peuplé d'une végétation sans bornes. Zola décrit avec minuties plantes, fleurs, oiseaux, insectes, fruits ... Toute l'opulence du jardin dans ses moindres détails. Rien n'est laissé de côté et la comparaison avec le jardin d'Eden est inévitable. D'ailleurs le roman tout entier est une allégorie du jardin d'Eden et de la faute commise par Adam et Eve.

J'ai bien sûr apprécié les références, les thèmes de la nature, de la culture, de la vie. Le personnage de l'abbé est même sympathique, on le plaint un peu finalement. Celui du frère Archangias (notez aussi le nom) est par contre très désagréable, il est la misogynie incarnée! J'ai aussi apprécié le personnage de Désirée, son innocence, son amour pour les animaux, qui la rend elle-même un peu bestiale: "C'était comme une ânesse de noce [...] ni demoiselle, ni paysanne, une fille nourrie de la terre, avec une ampleur d'épaules et un front borné de jeune déesse."

Cependant, je n'ai pas été emportée par les longues descriptions de la foi et des jardins mêmes qui m'ont parfois donné envie de sauter des pages. Je me suis bien gardé de le faire mais la tentation était forte. Je sais que c'est la marque de fabrique zolienne et elle m'a beaucoup plu dans Le ventre de Paris ou Au bonheur des dames parce que les sujets m'intéressaient plus. En bref, mon avis est mitigé mais ce fût quand même un moment de lecture agréable.

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28 juillet 2012

Sorj Chalandon, Une promesse

une_promesseQuatrième de couverture:

"Nous sommes en Mayenne, une maison à l'orée d'un village. Tout est silencieux, les volets fermés et la porte close.
Nuit et jour pourtant, sept amis en franchissent le seuil. Les uns après les autres, chacun son tour et chacun sa tâche. S'accomplit ainsi le serment de sept âmes vives à deux âmes sombres : la parole donnée pour retarder le deuil.
Voici l'histoire d'un mystère et d'une fraternité.
"

 

Il n'y a pas de réelle intrigue mais un embroglio de personnages (appelés indifféremment par leurs prénoms ou leurs surnoms) et de souvenirs à propos de deux personnes que l'on suppose décédées mais le sont-elles vraiment? Les deux premiers tiers du livre ne nous éclairent pas vraiment sur le sujet. On comprend que les personnages du récit se sont fait une promesse mais celle-ci n'est explicitée que plus tard dans la narration. Chaque personnage a ses habitudes et un signe propre ou une histoire qui le distingue des autres.

Même si l'histoire n'est finalement pas aussi prenante que les deux précédents romans de Sorj Chalandon que l'ai lu, j'ai tout de même beaucoup apprécié l'écriture. Sorj Chalandon a un talent de conteur indéniable, il sait transmettre des émotions et emporter le lecteur avec ses personnages tous un peu taciturnes. Ceux-ci auraient gagnés à être plus approfondis je trouve, de même que pour l'histoire qui les lie les uns aux autres. Avis mitigé donc.

 

26 juillet 2012

Anne Percin, Comment [bien] rater ses vacances

comment__bien__rater_ses_vacancesQuatrième de couverture:

Maxime a dix-sept ans, et la ferme intention de passer des vacances de rêve loin de ses parents et de sa petite sœur. Il s’installe donc chez sa grand-mère au Kremlin-Bicêtre, se réjouissant d’avance de semaines en tête-à-tête avec son ordi, à se faire bichonner et nourrir de bon petits plats. Sauf que rien ne va se passer comme prévu "

Maxime Mainard est un ado très drôle et attachant. J'ai beaucoup aimé son humour un peu grinçant et sa répartie. Ses vacances n'ont certes pas pris la tournure escomptée mais Maxime est un ado mur pour âge, qui a su prendre les choses en mains et gagner en résponsabilité. Toute l'histoire au final tient la route malgré un ou deux petits détails qui vieinnent se greffer et qui n'auraient pas été forcément nécessaires. L'historie de l'oncle par exemple ou la mésaventure des parents. ON aurait, je croi,s pu très bien s'en oasser et ça n'aurait rien enlevé à l'intrigue et aux péripéties qui arrivent au jeune garçon.L'idylle qui naît en parallèle entre Maxime et "Pika" ajoute un petit plus au récit et est tout à fait dans l'air du temps. 

Quand je vois els ados que je "côtoie" au quotidien, j'ai peine à croire qu'ils deviennent comme ça au lycée, mais tant mieux, comme quoi tout n'est pas vain :)

Une lecture rafraîchissante, parfaite pour les vacances!

 

22 juillet 2012

Six façon de le dire

six_fa_ons_de_le_direQuatrième de couverture:

"Avec Bernard, David Foenkinos signe une comédie hilarante sur la difficulté de retourner vivre chez ses parents après cinquante ans. Nicolas d’Estienne d’Orves, lui, commet Coup de Fourchette, un polar déjanté sur l’univers de la gastronomie, tandis que Yasmina Khadra nous offre La Longue Nuit d’un repenti, un texte engagé sur les grands thèmes qui ont fait son succès. 

Mercedes Deambrosis a, quant à elle, choisi le genre historique pour aborder la condition des femmes au début du XXe siècle dans son très joli De naissance, et Christophe Ferré le drame psychologique pour nous raconter un amour fou à la veille du 11 septembre : La Photographe qui a reçu le Grand prix de la nouvelle de l’Académie Française. 

Il ne restait plus que la comédie romantique, dont Sophie Adriansen s’est emparée avec brio dans Le Diagnostic, pour traiter de l’amour à l’épreuve de l’erreur médicale."

 

Ce recueil m'a été conseillé par Sophie Adriansen au salon du livre de Coulommiers, je ne regrette pas d'avoir craqué parce que c'est la première fois que toutes les nouvelles me plaisent dans un recueil. Au risque de me répéter vous savez que je n'aime pas trop le genre... Ici c'est un peu différent d'un recueil classique puisque les nouvelles écrites par des auteurs différents l'ont été à la manière un peu d'un scénario de film dans le sens où les auteurs ont essayé de n'écrire que ce qui été adaptable à l'écran, enfin, c'est en tout cas ce que j'en ai compris.

Bernard de David Foenkinos nous fait le portrait d'un homme, quarantenaire, qui perd son emploi, sa femme et retourne vivre chez ses parents. Le thème des fauix-semblants est omniprésent dans cette nouvelle, ainsi que les difficultés qu'on les gens à communiquer, à dire ce qu'ils veulent vraiment.

De naissance de Mercedes Deambrosis met en scène la naissance d'un enfant, celui de Hughes-Marie de la Herronière. Sa femme étant stérile, c'est avec la bonne que cet enfant a été conçu mais est élevé au seins de la famille comme un de la Herronière. La narration est faite à postériori par la petite fille de l'enfant en question qui dénoue le fil de ses aïeux.

La photographie de Christophe Ferré, J'ai été happée par cette nouvelle, c'est une histoire d'amour qui voit le jour à la veille du 11 septembre 2001. Beaucouip d'émotions se dégagent de ces quelques pages, de la sensualité bien sûr mais aussi une grande force, la froce des sentiments, la beau des photographies qui sont décrites avec précision. On évolue dans un cliché en noir et blanc où le contraste serait parfait. Et puis bien sûr il est question des attentats ... Un gros coup de coeur !!

Dans Santé de Sophie Adriansen, un homme va mourir d'un cancer dans six mois, Sa femme donne sa démission et le couple décide de passer les six mois restant à faire le tour du monde... Ce qui semblerait à première vue être quelque chose d'assez tragique s'avère être une comédie burlesque à l'humour un peu grinçant qui rébvèle les mauvais côtés des personnages. C'est drôle mais on rit parfois un peu jaune, surtout si on se reconnâit dans l'un des personnages.

Coup de Fourchette de Nicolas d'Estienne D'orves nous annonce un meurtre mais on ne sait pas qui est la vicitime, par contre les meurtirers eux nous sont livrés dès le début. La nouvelle reviendra un mois en arrière pour remonter les évènements jusqu'à l'assassinat. Il y a dans cette nouvelle de nombreux rebondissements sur fond de chefs étoilés et critiques grastronomiques, beaucoup de manipulation et un coup de theâtre à la fin. D'ailleurs je pense que ce serait une excellente pièce.

La longue nuit d'un repenti de Yasmina Khadra est le récit très court d'un homme rongé par ce qu'il a pu faire pendant la guerre. Ses cauchemars le pousse à la folie. C'est un texte très fort. Bravo à l'auteur qui a su m'embarquer dans cet univers pesant en si peu de pages!

 

En conclusion, j'ai beaucoup aimé ce recueil, les intrigues sont in téressantes et dénouement de chacun tombe toujoursà point nommé. Il ne faut donc pas hésiter à craquer s'il croise votre chemin, merci Sophie pour le conseil lecture ;)

 

 

8 juin 2012

Philippe Besson, Se résoudre aux adieux

se_r_soudre_aux_adieuxQuatrième de couverture:

" Je me perds facilement dans cette ville rongée par la mer, au long de ruelles dont je ne mémorise pas les noms.
Si tu me voyais errer au milieu des ruines, tu ne me reconnaîtrais pas. " De Cuba, d'Amérique ou d'Italie, une femme écrit à l'homme qu'elle aime et qui l'a quittée. Mais ses lettres restent en souffrance.

Philippe Besson, l'auteur de En l'absence des hommes et L'Arrière-Saison, dit les liens dénoués, les exils illusoires, les deuils à accomplir et l'infatigable espérance."

J'aurais vraiment pu écrire ce livre! Ce sont les lettres d'une femme à un homme qu'elle a aimé profondément et qui l'a quittée pour une autre, une autre qui partage déjà sa vie.

Elle y décrit d'abord le besoin  qu'elle a eu de couper les ponts, d'effacer les souvenirs communs, un lieu, une chanson, tout ce qui a été partagé et qui lui rappelle irrémédiablement celui qu'elle a aimé.

Ensuite, elle a ressenti le besoin de lui faire partager son ressenti, de revenir sur le passé, sur certains évènements en particulier, sur leur rencontre improbable. Ce passage est lui aussi une étape nécessaire à son rebondissement.

Et enfin, le livre se clôt sur une dernière lettre, nécessaire pour se prouver à elle-même plus qu'à lui au fond qu'elle a tourné la page et qu'elle est prête à démarrer une nouvelle vie.

Ca a parfois été déroutant pour moi de lire des mots que je me suis déjà formulé pour moi. Sans ça par contre, je ne pense pas que j'aurais spécialement apprécié cette lecture en fait. Je ne sais d'ailleurs pas si je l'ai vraiment appréciée, j'ai un peu eu l'impression de passer un moment avec moi même, même si je ne me suis pas tout le temps reconnu dans la narratrice. C'est d'ailleurs un ressenti tellement personnel que j'ai eu du mal à écrire ces quelques lignes pour donner mon avis, et du coup je préfère ne pas vous en conseiller la lecture!

un extrait: " Il fallait vraisemblablement que j'en passe par là, c'était inévitable, impossible d'y couper. Il fallait ce désordre affectif, ces incohérences intimesces mouvements anarchiques, ces convulsions qui n'étaient rien d'autre que de pauvres tentatives pour échapper à ma tristesse"

Du même auteur par contre, je vous recommande La Trahison de Thomas Spencer.

 

objectif_pal(17/27)

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29 mai 2012

Bernadette Pécassou-Camebrac, La dernière bagnarde

La_derni_re_bagnardeQuatrième de couverture:

"En mai 1888, Marie Bartête, à l'âge de vingt ans, embarque sur le Ville de Saint-Nazaire. Elle ne le sait pas encore, mais elle ne reverra plus jamais sa terre de France. On l'envoie au bagne, en Guyane. Bien sûr, elle a été arrêtée plusieurs fois pour de petits délits, mais elle a connu la prison pour cela. Pourquoi maintenant l'expédie-t-on à l'autre bout du monde ? Reléguée. La France ne veut plus d'elle. Sur le bateau, elle rencontre Louise, persuadée qu'on les emmène au paradis. Là-bas, on dit qu'il fait toujours beau et qu'elle se mariera. Mais l'illusion sera de courte durée. Le voyage de six semaines à fond de cale, les mauvais traitements et l'arrivée en terre inhospitalière achèvent de la convaincre que c'est bien l'enfer qui l'attend. Et que, malgré la bonne volonté de soeur Agnès et de Romain, jeune médecin de métropole, personne ne l'en sortira jamais. C'est le destin de cette prisonnière du bagne de Saint-Laurent-du-Maroni que fait revivre ici Bernadette Pécassou-Camebrac. Elle met en scène d'une écriture énergique et sensible le sort tragique de ces femmes abandonnées de tous, que l'histoire a tout simplement oubliées."

Nombreux récits ont été faits sur le bagne de Cayenne, mais il y est principalement question des forçats. Ici, Bernadette Pécassou-Camebrac s'attache à nous raconter l'histoire de ces femmes qu'on avait envoyé au bagne pour qu'elles épousent les forçats redevenus libres mais qui devaient rester à Cayenne, pour y cultiver la terre. Elle nous décrit la condition des traversées, l'arrivée et l'organisation au bagne. Elle nous donne à voir également la condition des soeurs envoyées pour accompagner ces femmes, mais aussi la lenteur de l'administration et son inaction,ainsi que l'impuissance des médecins.

Pourriture. Je crois que c'est le mot qui convient parfaitement, qui résume le sentiment et l'image qui se dégagent de ce récit, la pourriture, la putréfaction, l'air vicié, la décomposition... Le sort de ces bagnardes est ignoble. Le récit est déroutant. Tout le rebut de la société était envoyé au bagne pour "nettoyer" le territoire, sous couvert de peupler cette nouvelle colonnie qu'était la Guyanne. C'est honteux!

Difficile de raconter cette histoire, c'est à lire assurément avec tout le poids que l'auteur met dans ses mots, la force qu'elle donne à ses personnages. Le sentiment d'injustice est partout, à chaque mort qui survient on a espoir que cette fois il ou elle s'en sortira mais non. On ne ressort pas du bagne, on ne revient pas en France.Le bagne est au final une machine à anéantir l'espoir et la vie, l'humanité des Hommes.

L'un des médecins évoque Dante et les illustrations de Gustave Doré et c'est vraiment l'impression que cela m'a laissé: l'abondances, l'opulance du malheur, comme un tourbillon qui enveloppe tout et tous.

En quelques mots, c'est une lecture poignante qui m'a donné envie de découvrir qui était Albert Londres, d'autant plus que Sorj Chalandon a gagné le prix Albert Londres.

Après quelques recherches, je sais maintenant que c'était un journaliste françaiset que depuis 1933 est décerné le prix éponyme aux journalistes francophones méritants. Albert Londres a silloné le monde de la Chine à la Guyanne en passant par la Russie, c'était un reporter engagé. Un film a été réalisé sur son voyage au bagne de Cayenne en 2004, Les amants du bagne, à voir donc...

 

Un petit extrait: " Alors, lui qui avait tant cru dans le pouvoir de la médecine, il s'était senti inutile, misérable. Il avit fait les pansements, donné les cachets, mais devant ces hommes qui pourrissaient littéralement sur place et qu'il aurait fallu avoir le courage de tuer pour alléger leurs souffrances, il avait pleuré."

26 mai 2012

Sorj Chalandon, Retour à Killybegs

retour___killybegsQuatrième de couverture: « Maintenant que tout est découvert, ils vont parler à ma place. L'IRA, les Britanniques, ma famille, mes proches, des journalistes que je n'ai même jamais rencontrés. Certains oseront vous expliquer pourquoi et comment j'en suis venu à trahir. Des livres seront peut-être écrits sur moi, et j'enrage. N'écoutez rien de ce qu'ils prétendront. Ne vous fiez pas à mes ennemis, encore moins à mes amis. Détournez-vous de ceux qui diront m'avoir connu. Personne n'a jamais été dans mon ventre, personne. Si je parle aujourd'hui, c'est parce que je suis le seul à pouvoir dire la vérité. Parce qu'après moi, j'espère le silence. »

Killybegs, le 24 décembre 2006 Tyrone Meehan

 

Tyrone Meehan, seul dans la maison où il a grandi revient sur son enfance. Son père alccolique et violent meurt quand il est encore enfant. Sa mère les emmène, lui et ses huit frères et soeurs, vivre chez leur oncle à Belfast. Ils sont chassés du quartier par les protestants et se réfugient dans un ghetto catholique, c'est pour Tyrone le début de son engagement et de son dévouement envers l'IRA. Il a 16 ans.

Mon coup de coeur pour Sorj Chalandon et ses histoires irlandaises se confirme. J'ai encore été beaucoup émue, plus encore que pour Mon traître. J'ai envie de dire que Retour à Killybegs ne se lit pas, il se ressent. C'est pouruqoi j'éprouve pas mal de difficultés à vous en parler ... Et je vais plutôt vous taper les passages qui m'ont particulièrement touchée.

Tyrone Meehan a trahi, on le sait et pourtant à aucun moment je n'ai réussi à le voir comme un traitre? Il est un homme, avec ses forces et ses faiblesses, qui, par conviction, oeuvre pour son pays, pour sa famille, pour la paix.

Certains passages, notamment ceux sur les grèves de la faim et de l'hygiène sont très durs. Je n'avais pas conscince au final de la dureté de cette guerre et pourtant c'était il y a à peine trente ans! Une guerre psychologique. Je n'excuse en rien les agissements de l'un ou l'autre camp, mais ces mots, les mots de Tyrone Meehan nous font comprendre l'IRA et son combat...

Un livre très fort donc. Il ne faut pas, je crois, passer à côté de ce titre de la rentrée littéraire 2011!

Les extraits:

"Ces félons étaient armés par les Anglais, habillés par les Anglais, ils ouvraient le feu sur leurs camarades. Ils n’avaient d’irlandais que notre sang sur les mains."

"A cet instant, j'ai compris que ma vie suffoquerait entre ces murs captifs et ma rue barbelée. J'entrerais, je sortirais jusqu'à mon dernier souffle. Mais libres, entravées, libérées de nouveau pour porter un fusil en attendant les chaînes. Sans savoir si la mort m'attendrait dehors ou dedans."

"Le trahi et le traitre son pareillement douloureux, Tyrone. On peut aimer l'Irlande à en mourir, ou l'aimer à en trahir."

"Il était pour moi à la fois l'étranger et mon peuple. Celui qui m'avait vu et celui qui ne me verrait plus jamais. Il était le petit Français et toute cette Irlande qu'il suivait pas à pas. Il était un peu de Belfast, un peu de Killybegs, un peu de nos vieux prisonniers, de nos marches, de nos colères. Il était le regard de Mickey, le sourire de Jim. Il était de nos victoires et de nos défaites. Il avait tant et tant aimé cette terre qu'il en était.'

"J'ai de la fièvre. Le jour tarde. J'attends toujours ce lambeau de clarté. J'ai froid de mon pays, mal de ma terre. Je ne respire plus, Je bois. La bière coule en pleurs sur ma poitrine. Je sais qu'ils attendent. Ils vont venir. Ils sont là. Je ne bougerai pas. Je suis dans la maison de mon père? Je les regarderai en face, leurs yeux dans les miens, le pardon du fusillé offert à ses bourreaux."

1__litt_raire

(6/7)

 

15 mai 2012

Lecture commune: Virgine Despentes, Apocalypse Bébé

apocalypse_b_b_Quatrième de couverture:

" Valentine Galtan, adolescente énigmatique et difficile, a disparu. La narratrice, Lucie, anti-héroïne trentenaire, détective privée sans conviction ni talent engagée par la grand-mère de Valentine pour surveiller ses faits et gestes, l’a perdue sur un quai de métro parisien. Comment la retrouver ? Que faire des édifiantes photos de Valentine qui la montrent si expérimentée avec les garçons ? Aurait-elle rejoint sa mère, qu’elle n’a jamais connue, à Barcelone ? Un roman qui promène le lecteur entre Paris et Barcelone, sur les traces de tous ceux qui ont connu Valentine, l'adolescente égarée. Les différents personnages se croisent sans forcément se rencontrer, et finissent par composer, sur un ton tendre et puissant, le portrait d'une époque."

On retrouve dans ce roman bien évidemment la poigne de fer dans l'écriture, le langage cru propre à Virginie Despentes mais il y a cette fois une histoire de fond , pas simplement le discours brutal et féménisant qui m'a parfois ennuyée dans King Kong Theorie. Il y a une adolescente en détresse que l'on voudrait retrouver nous aussi.

La jeunesse y est dépeinte de manière brute et j'ai trouvé, assez réaliste (en tout cas de celle que j'ai eu à voir ces dernières années), symbole d'une jeunesse désenchantée que rien n'intéresse si ce n'est la subersion, le contre-courant et la provocation. Pour ça j'ai trouvé l'extrait suivant très fort, et je partage un peu parfois ce ressenti quand je ressors d'un cours de 3e... "Mieux je connais cette génération, plus je l'imagine à l'âge adulte, et moins j'envisage de faire de vieux os."

L'enquête est menée par une détective privée, Lucie, qui travaille pour une agence de surveillance, son domaine à elle, la surveillance des adolescents. Le portait qui nous ai fait d'elle la rend un peu antipathique, on a parfois envie de la secouer. Pour cette enquête qui clairement ne la motive pas du tout, elle fait appel à La Hyène, bien connue du milieu de par sa réputation qui fait assez froid dans le dos...Paradoxalement, c'est le personnage de la Hyène que j'ai trouvé le plus attachant, elle se démène pour retrouver l'adolescente, elle a un passé elle aussi assez sombre, elle est directe.

La narration oscille donc entre les différents personnages de l'histoire pour approfondir les histoires personnelles de chacun des personnages, ce qui permet au final de mieux les comprendre et d'avoir le temps de se familiariser avec eux. Je n'ai d'emblée pas aimé Valentine, mais quand vient son tour d'être sous les projecteurs du narrateur, j'ai "appris à la connaître" et à l'apprécier, à la comprendre...

Le dénouement de l'histoire est quelque peu innattendu et la conclusion est tirée par Lucie. Je suis donc restée un peu sur ma faim, elle ne donne aps de réponses claires et au final a soulevé chez moi pas mal de questions, concernant Valentine, mais surtout le rôle véritable de la Hyène dans toute cette histoire.  Et les réponses au final, seule la Hyène les connaît ...

Un livre poignant donc, que j'ai lu en deux fois et qui m'a parfois un peu secouée. Il est donc clair que j'ai beaucoup aimé et pourtant ce n'étatit pas gagné d'avance, mais j'ai trouvé ici que l'écriture choc de Despentes servait bien l'histoire.  J'ai lu ce livre avec Valérie et grand bien m'en a pris parce que je crois qu'il serait longtemps resté sur mes étagères sinon! Allons voir son avis ...

objectif_pal

(15/27)

12 mai 2012

Dominique Fabre, J'aimerais revoir Callaghan

Quatrième de couverture:

j_aimerais_revoir_Callaghan"Jimmy Callaghan, c'était mon pote anglais à l'internat. Il fumait des Benson, mettait les bouts en passant par un trou dans le grillage et allait parfois rendre visite à son père alcoolique dans la banlieue de Londres. Je l'ai revu vingt ans plus tard. Il avait une grosse valise. De retour d'Australie. il était bronzé et SDF. Trop fort ! On est redevenus un peu amis. Puis il est parti en me laissant sa valise. C'est moi qui la lui ai rapportée. Dix ans étaient passés. Calta était gérant d'un pub et avait une sale vieille tronche d'Anglais. C'était triste. Quoique. Il y a aussi des femmes, des enfants, des amours, des voyages, des fugues, des bitures et des galères immobilières. Une vie. J'ai même appris comment ne pas se faire voler à l'étranger ! On a tous en nous quelque chose de Callaghan. "

 

Que dire que dire? J'écris mon billet quasiment un mois après, j'avais emmené ce livre avec moi en Angleterre pour lire le soir quand les petites chérubins de 4e étaient dans leurs familles et au final j'étais tellement fatiguée que je lisais dix pages et je sombrais dans un coma profond.

La fatigue aidant bien sûr, mais au final l'histoire en elle-même ne m'ont pas permis d'accrocher à ce livre. Je n'ai pas tellement aimé le fait que dans la première partie le narrateur prenne son lecture à partie en lui répétant sans cesse "Si ça veut dire quelque chose pour toi.",  Je n'ai pas tellement compris où il voulaient en venir, certes il nous évoque son vieux copain d'enfance, maisc'était à mon goût trop décousu. Les personnages m'ont paru plutôt antipathiques, même le fameux Callaghan ...;

En bref, je suis totalement passée à côté de cette lecture, pour autant je vous invite à vous forger votre propre opinion ;)

objectif_pal

(14/27)

 

17 avril 2012

Sorj Chalandon, Mon traître

mon_traitreQuatrième de couverture:

"Il trahissait depuis près de vingt ans. L’Irlande qu’il aimait tant, sa lutte, ses parents, ses enfants, ses camarades, ses amis, moi. Il nous avait trahis. Chaque matin. Chaque soir…"

Beaucoup d'émotion transparaît à travers les mots de l'auteur. J'ai été happée tant par l'histoire et ses personnages que par l'écriture de Sorj Chalandon. J'ai eu les larmes aux yeux dans le train ...

Ce livre est une plongée dans l'Irlande du Nord et cette guerre qui s'y est installée au fil des ans, guerre civile, guerre des nerfs. Rien n'est dit ouvertement quant aux actions des uns et des autres si ce n'est les arrestations par l'armée britannique des citoyens nords irlandais.

Antoine, le personnage principal, retisse le fil de son attachement à l'Irlande du Nord, à Jim et à Tyrone, de sa volonté de faire quelque chose, de s'impliquer dans la lutte.

Il y a à la fois beaucoup de force et de fragilité dans ce personnage que j'ai beaucoup aimé, justement pour ces raisons.

Il est bien sûr question de trahison, non pas tellement la trahison envers le pays, mais la trahision d'une amitié solide et ancrée au fil des ans. Ce sentiment de trahison est bien sûr tout à fait légitime. Est-ce que quelqu'un qui trahit ses convictions, en tout cas celles qu'il revendique, pendant des années est-il vraiment sincère dans ses relations à l'autre? Est-ce qu'au final tout ne repose pas sur un nuage de fumée?

Sorj Chalendon a éveillé trois envies chez moi donc: celle d'aller en Irlande du Nord ou même simplement en Irlande d'ailleurs. Mais aussi de me replonger dans mes cours de fac sur le sujet et de les approfondir parce que je me suis rendu compte que j'avais pas mal de lacune, des oublis ou simplement des choses non comprises. Et bien sûr la dernière étant de lire Retour à Killybegs!

objectif_pal

(12/27)

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