Olivier Adam, Les lisières
"Entre son ex-femme dont il est toujours amoureux, ses enfants qui lui manquent, son frère qui le somme de partir s occuper de ses parents « pour une fois », son père ouvrier qui s apprête à voter FN et le tsunami qui ravage un Japon où il a vécu les meilleurs moments de sa vie, tout semble pousser Paul Steiner aux lisières de sa propre existence. De retour dans la banlieue de son enfance, il va se confronter au monde qui l a fondé et qu il a fui. En quelques semaines et autant de rencontres, c est à un véritable état des lieux personnel, social et culturel qu il se livre, porté par l espoir de trouver, enfin, sa place.Dans ce roman ample et percutant, Olivier Adam embrasse dans un même souffle le destin d un homme et le portrait d une certaine France, à la périphérie d elle-même."
Lire Olivier Adam me fait prendre conscience que j'ai une part de Sophie qui sommeille en moi, alors que j'ai toujours décrié cette vie là. Mais maintenant cetains côtés rassurants me séduisent mais ce n'est pas vraiment le sujet ici ...
J'ai retrouvé dans cette lecture les thèmes qui me plaisent chez cet auteur, la famille désunie, qui ne se comprend pas, les différentes classes sociales qui semblent ne pas appartenir au même monde, la maison en banlieue, les amis d'enfants au travers desquels on ne se reconnaît pas, ni au travers des membres de la famille d'ailleurs.
L'écrivain narrateur vit en bord de mer (en partie Olivier Adamn en partie un autre ...), l'hospitalisation de sa mère l'oblige à revenir dans la ville de banlieue où il a grandi. Resurgissent ainsi souvenirs et rancoeurs, tout le mal-être du narratuer qu'on ne peut s'empêcher d'identifier comme l'auteur lui-même. Paul revoit ses camarades d'école. Certaons sont partis réussir leur vie ailleurs, d'autres sont restés et survivent de petits boulots en petites et grosses galères. Les secrets de famille sont déterrés, une révélation amènera le narrateur à sa propre introspection. Introspection déjà déclenchée par la famille que Paul a fondé et qui s'étiole, la séparation d'avec sa femme Sarah, ses enfants qu'il ne voit qu'un weekend sur deux.Au rythme des vagues Paul nous fait part de ce mal-être, de sa place qu'il ne trouve pas dans les cases qu'il s'impose, plus prolétaires mais pas bobo.
On sent le vent et le goût du sel, on reconnaît sa propre famille, l'incompréhension et la pudeur. J'ai toujours du mal à exprimer ce que je ressens mais les mots d'Olivier Adam m'émeuvent toujours. Je comprends que ce côté introspectif/ nombriliste puisse déplaire mais en ce qui me concerne il touche certains tabous. Je me retrouve parfois dans ses narrateurs, dans ces décalages qu'il décrit, notamment celui de ne pas trouver sa place, tout ça me parle.
J'émets cependant une petite retenue, je me suis parfois demandé où il voulait en venir à resasser et recenser les vies "râtées" à ses yeux de ceux qui ont peuplé son enfance... Mais ce n'est qu'n bémol, j'ai encore une fois été transformé par le flot de ses mots.
En bref un très bon moment de lecture et d'émotion mais pas un coup de coeur.
(9/97)
(4/7)
" Il me semblait qu'un pan entier du pays vivait avec un oeil dans le rétroviseur, le pied sur la pédale de frein, la nostalgie d'un temps qui n'avait pas existé en bandoulière, du sépia plein les doigts."