Quatrième de couverture:
"Londres, 1862. A la veille de ses dix-huit ans, Sue Trinder, l'orpheline de Lant Street, le quartier des voleurs et des receleurs, se voit proposer par un élégant, surnommé Gentleman, d'escroquer une riche héritière. Orpheline elle aussi, cette dernière est élevée dans un lugubre manoir par son oncle, collectionneur de livres d'un genre tout particulier. Enveloppée par une atmosphère saturée de mystère et de passions souterraines, Sue devra déjouer les complots les plus délicieusement cruels, afin de devenir, avec le concours de la belle demoiselle de Briar, une légende parmi les cercles interlopes de la bibliophilie érotique. Héritière moderne de Dickens, mais aussi de Sapho et des Libertins, Sarah Waters nous offre une vision clandestine de l'Angleterre victorienne, un envers du décor où les héroïnes, de mariages secrets en amours interdites, ne se conduisent jamais comme on l'attendrait. Un roman décadent et virtuose."
Par où commencer??? Peut-être en disant tout simplement que j'ai adoré cette lecture! J'ai eu un peu de mal au tout début et j'ai un peu pris peur d'être moi aussi perdue au milieu des bas-fonds de Londres, et puis finalement je me suis laissées transportée avec Sue! J'ai retrouvé avec Sraha Waters la plume d'un Dickens au féminin. Car si dans les romans de Dickens, les femmes sont les faire-valoir des hommes, ici elles sont au centre de l'intrigue. Elles se font certes manipuler par un homme mais elles sont au coeur du roman et le destin des deux héroïnes, Sue et Maud, sont inextricablement liés!De plus, nous sommes baignés en plein coeur de l'époque Victorienne, donc ça ne pouvait que me plaire!
La première partie est racontée par Sue, orpheline élevée par une "famille" de voleurs. Elle évolue dans le Borough de Londres jusqu'à ce qu'elle devienne la femme de chambre de Maud Lilly, cette jeune héritière qu'elle doit dupée à l'aide de Gentleman ... Qui 'na de Gentleman que le nom... On lui suit donc ensuite au service de la demoiselle à Briar, plus luxueux mais tout aussi lugubre à sa façon que le repère de Lant Street. Un petit clin do'eil est fait au roman gothique avec l'héritière "enfermée" dans cette grande demeure délabrée ... J'ai beaucoup aimé cette partie, je me suis attachée aux personnages. On découvre au fil des pages le malheur de Maud et l'étrange passion de son oncle...
Seconde partie et premier volte-face dans le récit, et quel volte face! Je n'en dis pas plus ... Mais au début je me suis dit "What's the point??" et puis finalement je me suis aussi laissée prendre à ce récit, cette fois narré par Maud. Fini la paisibilité réglée de Briar et retour à Londres. Que ce soit pour Maud ou pour Sue tout leurs points de repères sont brouillés, d'ailleurs, Sue qui est très brouillarde apparaît très fébrile à Briar dans cette vie qui n'est pas la sienne et ce changement s'opère aussi pour Maud, dans son élément à Briar elle devient la petite chose fragile à Londres.
Ce qui nous amène à la troisième partie reprise par Sue qui reprend les rennes de l'histoire, et de nouveau que de rebondissements! J'avoue que j'ai été un peu emmêlée dans tout ça, mais finalement Sarah Waters tire toutes ses ficelles avec brio et là en écrivant ça me fait penser à un passage du film d'Ozon que j'ai vu hier soir, Luchini dit à son élève qu'une bonne fin est une fin sureprenante mais de laquelle on se dit que ça ne pouvait pas être autrement et c'est exactement ça!
Je suis donc allée de surprises en suprises tout en savourant l'écriture, que demander de plus? Sarah Waters aborde des thèmes récurrents au 19e siècle dans la littérature féminine, la place de la femme bien sûr, son "dénuement" quand elle n'a pas de mari ou de frère pour la protéger, la littérature, la société victorienne guindée dans ses principes et sa morale et bien sûr les différentes couches sociales qui ici se côtoient dez très près, ce qui est d'ailleurs assez rare!
Les avis de George , Bianca et Céline sont tout aussi enthousiastes!
(26/27)