Daphné du Maurier, Le Mont-Brûlé
Présentation de l'éditeur:
"Il y a des Brodick à Doonhaven depuis deux cents ans, mais cela n'empêche pas des gens comme les Donovan de les traiter en usurpateurs. Avec quelque raison si l'on se réfère à l'Histoire puisqu'ils avaient été les premiers maîtres de ce coin de terre irlandaise avant que les protestants anglais vainqueurs de Charles Stuart ne les en dépossèdent.
Vieille querelle aux yeux de John Brodick qui, en 1820, obtient l'accord de son voisin pour exploiter une mine de cuivre au Mont Brûlé. À quoi bon ruminer un passé révolu quand l'avenir est prometteur ? La prospérité rejaillira sur tout le pays et les Donovan aussi peuvent faire fortune s'ils le veulent. Le drame est là : ils refusent tout changement, tout effort au nom de leurs droits abolis. Dans sa famille même, Copper John verra se développer cette insouciance, ce goût de se laisser aller au fil des jours, ce sens poétique si opposé à tout progrès que l'on baptise le charme irlandais. Ainsi John, son fils cadet, et Wild Johnnie, son petit-fils.
Est-ce la malédiction de Morty Donovan qui pèse sur les Brodrick ou la fatalité inhérente à la possession de la richesse ? Qui gagnera du rêveur aimable ou du travailleur acharné ? Mouvementées s'annoncent les cent années qui vont suivre le premier coup de pioche au flanc du Mont-Brûlé…"
C'est toujours avec délectation que je me plonge dans un roman de Daphné du Maurier, comme si j'étais sûr d'y retrouver un endroit confortable et chaleureux, avec des choses que j'aime. Je n'ai donc pas été déçue, lire Daphné du Maurier, c'est comme entrer dans un petit cocon pendant quelques jours. Pour autant l'histoire n'est ni mièvre ni mielleuse, au contraire, Daphné du Maurier peint toujours avec brio les travers de la société britannique au 19e siècle.
Le Mont-Brûlé est une saga familiale qui s'étend sur cinq générations et dont la fortune a été établie au début du 19e siècle grâce à l'exploitation d'une mine de cuivre sur le Mont. C'est donc le portrait d'une famille aisée qui est fait avec ses moeurs et ses coutumes, Daphné du Maurier ne discute pas le fait que l'éhritage reviendra à l'aîné des fils, c'ést établi et incontestable, de même que le célibat des deux filles plus âgés n'apparaît pas comme choquant, et pour ça ce roman va un peu à contre courant quand on sait que l'occupation principale des jeunes filles à l'époque était de se trouver un mari! L'absence d'une figure maternelle y est sans doute pour quelque chose, les deux filles aînées servent de dame de compagnie à leur père. C'est sans doute le recul avec lequel Daphné du Maurier écrit (première moitié du 20e siècle) qui relègue cette intrigue aux oubliettes. Le narrateur se concentre plutôt sur la fortune de la famille Brodrick qui s'accrôit grâce au cuivre; et plus la richesse de la famille s'accroît, plus celle-ci est touchée par le malheur. On ne vit pas forcément vieux chez les Brodrick et quand c'est le cas on sombre facilement dans la dépression et l'ennui. Je ne vous vends pas vraiment du rêve mais c'est vraiment très bien écrit, Daphné du Maurier confronte les classes sociales, celles qui travaillent et subsistent, et celles qui n'ont pas besoin de travailler pour bien vivre.Les descriptions du château, les scènes de pique-nique, de promenades, les dialogues, les amours des personnages aussi sont autant de raison de lire ce roman, sans parler des paysages du bord de mer, en Irlande en fait (et ça je n'en ai pris conscience qu'à la fin du roman, je ne sais pas pourquoi!!, sans doute par habitude de voir les actions de Daphné du Maurier se dérouler en Cornouailles!)
Avec ce titre j'inaugure ma participation au challenge de Stéphie: challenge classique 2014, pour lequel il s'agit de lire un classique (la date butoir étant 1970) par mois.