Hélène Gestern, Eux sur la photo
"Une petite annonce dans un journal comme une bouteille à la mer. Hélène cherche la vérité sur sa mère, morte lorsqu’elle avait trois ans. Ses indices : deux noms, et une photographie retrouvée dans des papiers de famille qui montre une jeune femme heureuse et insouciante, entourée de deux hommes qu’Hélène ne connaît pas. Une réponse arrive : Stéphane, un scientifique vivant en Angleterre, a reconnu son père.
Commence alors une longue correspondance, parsemée d’indices, d’abord ténus, puis plus troublants. Patiemment, Hélène et Stéphane remontent le temps, dépouillant leurs archives familiales, scrutant des photographies, cherchant dans leur mémoire. Peu à peu, les histoires se recoupent, se répondent, formant un récit différent de ce qu’on leur avait dit. Et leurs découvertes, inattendues, questionnent à leur tour le regard qu’ils portaient sur leur famille, leur enfance, leur propre vie.
Avec Eux sur la photo, Hélène Gestern nous livre une magnifique réflexion sur le secret de famille et la mémoire particulière que fixe la photographie. Elle suggère que le dévoilement d’éléments inconnus, la résolution d’énigmes posées par le passé ne suffisent pas : ce qui compte, c’est la manière dont nous les comprenons et dont nous acceptons qu’ils modifient, ou pas, ce que nous sommes."
La citation qui résume bien ce roman épistolaire serait celle-ci: " De quels secrets a-t-on voulu nous protéger et au prix de quels mensonges?" En effet toute "l'intrigue" (si on peut parler d'intrigue) est basé sur le passé qui a été cachée à une enfant aujourd'hui devenue adulte. Quoi de plus normal et naturel au final de vouloir faire le jour sur ce passé... L'histoire est touchante et bien écrite. L'échange de lettres permet de donner un rythme aux différents souvenirs et à l'enquête menée par les personnages. On ne s'embourbe donc pas dans la pensée d'un personnage, bien au contraire, les échanges sont vifs et plein d'esprit. Les deux protagonistes sont qui plus est attachants dans leur quête de vérité, leur besoin de savoir pour en quelques sortes se construire.
Les analysés de photographies sont intéressantes, un vocabulaire assez pointu est utilisé mais ces passages sont brefs donc ne perdent pas le lecteur. Je crois que quelques illustrations de photographies décrites auraient été bienvenues, ça aurait ajouté une touche supplémentaire au roman.
A l'origine de tous ces secrets une histire d'amour contrarié, d'une époque révolue mais toujours conservatrice malgré la "révolution" apportée par Mai 1968. Et puis la correspondance entre les deux enfants devenus adultes montre le poids du passé laissé par un parent disparu ou absent.
Hélène Gestern soulève ainsi la question de l'identité, se construit-on son identité d'adulte au travers de ses parents et de l'éducation que l'on a reçu, au travers de ses souvenirs, quel impact ont les liens du sang et les souvenirs enfouis de la petite enfance sur notre moi adulte.
J'ai beaucoup apprécié cette lecture qui m'a fait voyagé plus dans le temps que dans l'espace. J'ai aimé ce côté un peu désuet de l'échange épistolaire. Je crois que c'est un genre qui me plaît particulièrement!
Merci à Jeneen qui a accepté de mettre sur le chemin de son livre voyageur , ce fût une belle découverte pour elle aussi.