Daphné du Maurier, La Chaîne d'Amour
Présentation de l’éditeur : «Etant enfant, Janet Coombe avait la passion des choses de la mer et ne .regrettait rien tant que de ne pas être née garçon pour pouvoir courir les océans. En grandissant, cette passion lui est restée. Le mariage avec son cousin Thomas, son nouveau rôle d'épouse et de mère vont-ils changer Janet ? Ses familiers le croient et se trompent. Sa nostalgie de la vie maritime devient chaque jour plus forte et elle la transmet à son second fils Joseph. Il projette de naviguer avec elle à bord d'un voilier portant son nom et dont la figure de proue est sculptée à son image. La joie tue Janet le jour du lancement du navire, mais les liens qui l'unissent à Joseph ne se brisent pas. Par-delà la mort, Janet est l'inspiratrice et le soutien de ce fils très aimé, si différent de son inquiétant cadet Philip. Leur mère morte, ce dernier mène sans bruit une vendetta secrète, que tour à tour facilite ou déjoue la destinée, contre le hardi capitaine de la Janet-Coombe. C'est en Cornouailles, à l'époque où les voiliers étaient encore les rois des mers, que commence cette histoire d'un navire et d'un amour qui défie la mort et le temps...»
L’histoire est divisée en
quatre partie pour lesquelles la narration se focalise sur un personnage, d’abord
Janet puis son fils Joseph, Christopher, le fils de Joseph et enfin Jennifer,
la fille de Christopher. La narration s’échelonne de cette façon sur un siècle.
Un siècle avec pour fil rouge l’appel du large et la figure emblématique de
Janet Coombe d’abord en tant que personne, puis comme figure de proue de la
goélette du même nom mais aussi comme symbole très fort de l’amour pour la
navigation ou même l’amour maternel. Bien des années après sa mort, Janet
Coombe aura une forte influence sur sa descendance. C’est d’ailleurs une des
questions qu’elle soulevait le jour de son mariage avec Thomas Coombe.
Les personnages seront
amenés à quitter Plyn mais y reviendront toujours comme si une force les y
attirait. Plyn est dans le livre une petite ville de Cornouailles. J’ai cherché
sur une carte mais elle ne semble pas exister. Daphné du Maurier a situé son
histoire sur la côté sud de la Cornouailles entre Plymouth et Falmouth. L’atmosphère
qui se dégage de cette ville au début du livre rappelle un peu les descriptions
de L’auberge
de la Jamaïque.
Si l’histoire est très
réaliste et nous peint le tableau d’une famille britannique, Daphné du Maurier,
par petites touches nous plonge dans un univers un peu mystique d’apparitions,
d’âmes sœurs et de « fantômes » du passé. Chacun de ces phénomènes
peuvent être expliqués de façon raisonnée et raisonnable mais le mystère apporte
une touche romantique supplémentaire à cette histoire. Touche romantique
nécessaire dans chacune des trois parties après la mort de Janet pour adoucir
une atmosphère parfois lourde ou triste.
J’ai été particulièrement
émue par le passage où Jennifer revient à Plyn après treize années d’absence,
et qu’elle se présente chez ses tantes.
L’histoire se déroule
principalement pendant la période victorienne et si elle n’est mentionnée qu’une
seule fois, les changements apportés par la Reine Victoria sont eux bien
présents notamment à travers la mutation de la ville, son « urbanisation »,
les changements dans l’industrie ici à travers la fabrication des bateaux où l’on
passe de la petite entreprise familiale des Coombe avec leurs constructions en
bois, aux plus grands chantiers qui adoptent peu à peu l’acier. Et puis aussi à
travers les voyages des bateaux en direction de Terre-Neuve, le transport des
marchandises qui se fait de plus en plus rapidement et l’importance du
commerce.
Vous l’aurez sans doute compris, c’est typiquement le genre d’histoire qui me plaît. Je me suis vite attachée aux personnages, j’ai aimé et tremblé avec eux. Le meilleur Daphné du Maurier que j’ai lu jusqu’à présent et pourtant je portais déjà Rebecca en haute estime.